Le Professeur Abdelkrim Soukehal, épidémiologiste spécialisé en médecine préventive, ancien chef de service au CHU de Beni Messous s’est montré, hier, rassurant. Invité du quotidien « DK News », il a affirmé que « l’épidémie de rougeole est parfaitement maitrisée ».
« Toutefois, il faut étudier tous les aspects épidémiologiques pour comprendre pourquoi en nous sommes arrivés à une telle situation », a-t-il ajouté. Le praticien a rappelé que « la rougeole est une maladie bénigne de l’enfant mais peut entrainer des complications très graves, voire causer la mort ». Il a évoqué ensuite le programme national de vaccination contre cette maladie mis en place depuis 1987 ». « Des rappels de vaccination n’ont pas été faits et parce que l’immunité de nos enfants a beaucoup diminué, une épidémie se déclenche vite », a-t-il déploré.Pour endiguer ses complications, Pr Soukehal a recommandé de « poursuivre la vaccination des enfants pour atteindre un taux de couverture de 95% ».
En 2014, un nouveau calendrier de vaccination a été publié dans le journal officiel. Chaque enfant doit être vacciné contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR), à 11 mois puis à 18 mois. Le vaccin de qualité est disponible, gratuitement et la chaine du froid efficace. « Toutefois, nous sommes confrontés à un refus de beaucoup de citoyens », a-t-il regretté. « La rougeole est une maladie qui touche tous les pays au point que l’OMS, a dégagé depuis plusieurs années, un budget pour la maitriser grâce à la vaccination », a-t-il renchéri. Le professeur Soukehal a dressé un bilan de la situation à travers plusieurs wilayas. « Jusqu’au 10 avril 2018, nous avons recensé 7 560 cas de rougeole dans 13 wilayas dont 5 ont enregistré un phénomène épidémique marqué », a-t-il indiqué. « Il s’agit de celles d’El Oued avec 1799 cas et 5 décès, de Ouargla, (1848 cas, 3 décès) Biskra (959 cas, 2 décès) de Tamanrasset (746 cas) de Relizane (507 cas) et de Tiaret (100 cas).
Selon Pr Soukehal, « Lorsque les cas de rougeole augmentent de manière anormale, c’est que la maladie a trouvé un terrain favorable pour se développer ». Pour lui, « seule l’immunisation des enfants permet de bloquer la transmission du virus ». « Il faut utiliser les 2 doses, une première injection initiale et un rappel », a-t-il martelé.
Soukehal a enfin insisté sur le maintien de la vaccination en milieu scolaire ou le taux de couverture est à peine 60% alors que nous devons atteindre 95% ».
Samira Sidhoum