Le cours du pétrole Brent de la mer du Nord s’est établi, hier, à 60,55 dollars, soit en légère hausse comparativement à la veille où il s’est situé à la barre de 60,48 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres après avoir enregistré une baisse de 1,20 dollar par rapport à la clôture de jeudi dernier. Ces changements renseignent, selon certains experts algériens dans le domaine pétrolier et énergétique, sur la complexité du marché pétrolier. Ce dernier semble rompre avec le modèle économique qui détermine les prix dans un marché en fonction de l’offre et de la demande. Plusieurs facteurs interviennent sur le marché de l’or noir faisant de lui un «marché aux multiples scénarios».
L’expert en énergie Tawfik Hasni, tout comme l’expert Mohamed Bakalem, chef de division des études économiques au Conseil national économique et social (CNES), estiment que le marché pétrolier est «en pleine incertitude». La seule certitude, de leur point de vue, c’est que les prix ne remonteront en aucun cas, du moins actuellement, au-dessus de la barre des 70 dollars le baril.
«Le plus avisé ne peut parler de prévision ou de perspective pour ce marché», relève Bakalem, expliquant que ce dernier obéit à des facteurs économiques loin d’être stables. Mais aussi à des enjeux géopolitiques des plus complexes. «Il serait difficile de se projeter dans le futur au moment où l’on ne connaît pas le niveau réel de la production pétrolière iranienne ni de celle des Etats-Unis, notamment du pétrole de schiste et encore moins des conclusions des négociations enclenchées par Trump et la Chine sur leur litige commerciale», argumente l’expert. Ceci sans évoquer la réaction de l’Arabie saoudite quant à tous ces éléments qui constituent les incertitudes auxquelles est contraint le marché pétrolier. C’est ce qui l’amène à dire que face à cette «sensibilité», il ne faut pas espérer une forte hausse des prix. «Quoiqu’il soit attendu que ce rythme d’ascension, même s’il n’est pas assez important, se poursuivra au courant du 1er trimestre», a-t-il indiqué.
Pour sa part, Tawfik Hasni a lié cette fluctuation des prix à la baisse de la demande. Il a expliqué que 80% de cette dernière est orienté vers la consommation du carburant. «Celle-ci régresse en hiver et par conséquent, la demande sur le pétrole est en baisse alors que l’offre se maintient», a-t-il relevé. Toutefois, il reconnaît que la sacro-sainte loi de l’offre et de la demande n’opère plus quand il s’agit de pétrole. Selon lui, le facteur déterminant dans les prix du pétrole reste l’attitude imprévisible du président américain qui joue sur ce marché, notamment sur les prix du carburant, pour gagner de l’électorat. «De l’autre côté, la stratégie de Trump, qui va à contresens des intérêts des lobbies pétroliers américains, vise essentiellement à occuper la première place dans le marché asiatique», a-t-il ajouté, précisant que l’évolution des énergies renouvelables de plus en plus compétitives et les changements climatiques impactent le marché pétrolier. Face à ces données qui constituent autant d’incertitudes, la décision prise par la Russie et l’Arabie saoudite de réduire davantage leur production de pétrole d’ici à la fin du mois de janvier constitue certes une bonne nouvelle pour les pays producteurs, «mais il ne faut pas s’attendre à des retombées conséquentes sur le marché pétrolier d’autant que durant cette période, la demande est en baisse», relève Hasni avant de conclure qu’il ne faut pas trop se fier aux annonces car la réalité peut être tout autre.
Wassila Ould Hamouda